formule simple
et pourtant d’une profondeur lente
comme si le regard façonnait
celui qui regarde
contempler ce n’est pas saisir
ni posséder
c’est laisser entrer en soi
la forme d’un monde
jusqu’à ce que cette forme
modifie imperceptiblement
notre manière d’exister
si l’âme contemple le tumulte
elle prend le rythme du tumulte
si elle contemple la clarté
elle s’accorde à la clarté
non par imitation
mais par résonance
l’âme n’est pas un réceptacle immobile
elle est perméable
ouverte aux influences fines
aux images qui persistent
aux gestes du réel qui se déposent en elle
ce que l’on regarde assez longtemps
devient une structure intérieure
une façon de respirer
d’avancer
de répondre aux choses
ainsi contempler n’est pas un loisir
mais une orientation
on choisit ce qui nous façonne
et l’âme sans bruit
prend la texture du monde
qu’elle accueille




